Le terme anglais “wayfinding” se rapporte au processus de collecte d’informations présentes dans l’environnement physique pour savoir où nous sommes, où nous voulons aller et comment nous pouvons y aller(1). Il peut se traduire par “orientation” ou “guidage” en français. Les outils de guidage facilitent ce processus en collectant toutes les données nécessaires pour l’usager. Notre objectif est de proposer une application de guidage pour les transports en commun qui prenne en compte le contexte d’un trajet et les infrastructures existantes. Il est important que les designers s’appuient sur la signalétique existante ainsi que la manière dont les usagers l’utilisent pour proposer des applications mobiles. Reilly, Mackay et Inkpen(2) ont observé que le comportement des usagers était influencé non seulement par cette signalétique mais aussi par les stratégies de groupes (où vont les autres usagers ?), par leurs propres attentes et par la nouveauté d’un environnement. Être conscient de la signalétique existante est un aspect essentiel dans la conception d’une application mobile de guidage efficace.

La première étape de ma recherche consiste à identifier le contexte dans lequel les usagers évoluent et l’infrastructure existante. Pour cela, j’ai commencé par m’immerger dans les transports en commun. J’ai tout d’abord effectué un premier trajet accompagnée puis seule pour comprendre comment fonctionne le guidage dans les transports en commun. Vous trouverez ici l’article relatant ce test. De cette première étude j’ai pu tirer quelques observations liées au contexte :

  • Durant un trajet en transports en commun l’usager a les mains libres et la possibilité de regarder son téléphone. On observe que le téléphone est parfois caché dans un sac ou un vêtement alors que d’autres fois il est montré sans inquiétude.
  • Il n’est pas très bien vu de faire de bruit pour ne pas gêner les autres usagers.
  • L’usager peut écouter de la musique/des podcasts via des écouteurs.
  • L’environnement peut être bruyant ou calme, agité, pas toujours agréable sur le plan olfactif ou thermique.
  • La promiscuité avec les autres usagers est parfois extrême. Surtout par grande chaleur et aux heures de pointes.
  • Pas d’accès aux prises et dans le cas d’un mode de transport souterrain l’accès à la localisation et aux données n’est pas fiable.

Parallèlement à ces observations, je me suis intéressée aux applications mobiles existantes. Voici les neuf applications étudiées : Citymapper, Moovit, Transit, Google Maps, Plans, Mappy, RATP, ViaNavigo et SNCF. J’ai noté les informations récurrentes sur ces applications :

  • Heure de départ et d’arrivée
  • Mode utilisé et numéro/couleur de la ligne
  • Direction/terminus de la ligne
  • Nom des arrêts (départ, arrivée, correspondances)
  • Plan des correspondances (utilisation d’une carte)
  • Temps d’attente
  • Où se positionner sur le quai et dans le transport

La seconde étape est de préparer une étude qui m’aidera à identifier :

  • à quel moment et de quelles informations l’usager a-t-il besoin ?
  • comment combine-t-il les données de son application avec la signalétique existante ?
  • quels problèmes peut-il rencontrer ?
  • quelles sont ses habitudes et routines de voyage ?

Cette étude consistera en la documentation d’un trajet avec correspondance. En pratique je compte équiper un participant d’une petite caméra et d’un micro-cravate pour le suivre dans son trajet. Cette étude sera découpée en plusieurs phases :

  • l’usager sera accompagné d’un chercheur ou d’une chercheuse
  • l’usager fera le voyage seul
  • des participants devront remplir, chaque jour, un questionnaire concernant leurs trajets

Dans un prochain article je détaillerai la première phase de cette étude ainsi que la partie technique.


1. Muhlhausen, J. Wayfinding Is Not Signage. Sign Of The Times. https://www.signsofthetimes.com/content/wayfinding-is-not-signage. Accessed july. 2018.
2. Reilly, D., Mackay, B., & Inkpen, K. (2008). How mobile maps cooperate with existing navigational infrastructure. In Map-based Mobile Services (pp. 267-292). Springer Berlin Heidelberg.