Introduction
Cadre du plan Canopée qui vise à planter 300 000 arbres pour atteindre 30% de surface arborée sur le territoire. Ce plan s’intègre dans le Plan Climat qui suit 4 axes de développement : Favoriser le bien être et la mobilisation citoyenne, Fédérer les professionnels autour du Plan Canopée, Améliorer les connaissances et Pérenniser le patrimoine arboré. Ils sont ensuite déclinés en 30 actions détaillées.
Il est important de trouver un modèle économique pérenne pour permettre la maintenance et l’entretien des espaces verts ajoutés, ce qui nécessite donc de maîtriser le foncier (grâce à l’urbanisme). L’objectif du document est de sensibiliser à l’importance de la problématique économique dans la végétalisation.
Partie 1
Il y a plusieurs programmes de végétalisation dans le monde (Barcelone, Melbourne, Montréal…) mais ces programmes représentent une part du budget très faible (0.1 à 0.3% du budget), Angers se démarque avec 3.8% de son budget global.
Ces programmes nécessitent une main d’œuvre que les municipalités n’ont pas toujours (maintenance et entretien représentent 80% du budget). On dit qu’il faudrait investir 5 dollars/hab/an pour développer une forêt urbaine pérenne (18euros/hab/an pour le programme d’Angers). Donc à baser sur une mixité des revenus, avec des fonds extérieurs (par exemple à Montréal, où un plan équivalent à Canopée est mis en place, et est principalement géré par la SOVERDI, Société de Verdissement).
Aujourd’hui, il y a à Lyon entre 2 et 3 Millions d’arbres. Coût d’un arbre:
- Plantation: Dépend de l’age de l’arbre (x10 pour un arbre de 20 ans). Facteur de risque, mais les arbres plus jeunes sont plus fragiles, à arroser beaucoup plus… Jusqu’à 2500euros l’arbre. Le choix de l’arbre est un choix politique.
- Gestion: 70% pour l’élagage, l’apport en eau et le suivi. L’hétérogénéité de la végétation est mauvais pour l’entretien. Des travaux réalisés sur Rennes distinguent 5 types d’espaces verts: Espaces de prestige (lieux touristiques, entretien particulier, plantations horticoles), Espaces intermédiaires (dans un tissu urbain dense, à vocation décorative, aggressions naturelles et humaines donc fort entretien nécessaire, croisement d’espèces horticoles et de végétaux sauvages. Deux sous catégories jardins décoratifs, espaces en bordure de voirie),Espaces extensifs (entretien variant selon l’usage, mais assez faible. Surface importante, entretien discret, apparence naturelle et sauvage), Plantations hors sol (Solution coûteuse, entretien très régulier 3 fois plus que pleine terre). La gestion d’un ha coûte entre 2100 et 100k euros/an.
- Stratégies vertes: Remise en cause des longues allées d’arbres, différents modèles plus pérennes: Gestion différenciée (classification de la végétation selon les besoins, qui permet de faire des économies de main d’œuvre, mais qui tend à délaisser certains espaces), Le Bocage (Haie urbaine, Massif très dense avec des espèces diversifiées jeunes, peu coûteuse et facielement mise en place, permettre un codéveloppement entre végétaux, limite les possibilités d’entretien automatisé, mais réduit la quantité d’interventions.
==> Rajouter des dépenses de transformation de l’espace public, et des réseaux. Mais culture de l’arbre à Lyon. Question du partage des coûts. Métropole gère entretien des arbres, mais communes gèrent l’entretien de la végétation basse. Végétalisation pas encore un poste de dépense important par rapport aux bénéfices possibles
Partie 2
Il y a aussi des bienfaits économiques à végétaliser la ville. Une étude canadienne évalue le ratio coût/bénéfices comme variant entre 1.35 et 13 selon les villes.
Economie environnementale
Valeur urbaine et foncière des EV (espaces verts). Sous investissement car bonne connaissance des coûts mais mauvaise des bénéfices.
Méthodologie : Valeur d’usage (expérience récréative, par l’évolution des prix des logements, valeur non marchande), Valeur de non usage (valeur d’héritage, pour les générations futures, valeur «en soi»). Deux méthodologies associées pour les estimer: Méthode contingente (interrogation d’individus, demander quels montants sont ils prêts à mettre pour les bienfaits du végétal), Méthode hédonique (étude des prix déclarés des habitations, ne retenir que l’impact des EV sur l’évolution du prix) →S’emparer des bienfaits identifiés autour de la végétalisation, nouvelle base de débats.
Tangibilités de valeurs: Valeurs pas très précises, car documentation variable, abordable de manière différente. La plupart des valeurs sont empiriques, variation forte selon les villes… Il y a plus de bénéfices pour les parcs, jardins que les forets ou espaces ouverts. Donc permet plutôt de dégager des tendances que des valeurs précises.
Bienfaits à valoriser
Opportunités d’emplois : L’Auvergne-Rhône-Alpes est la 2ème région où le secteur du paysage est le plus développé, il génère beaucoup d’emplois notamment des jeunes.
Mise en valeur du foncier : La valeur augmente si les EV sont à moins d’1.5km et décroissance avec la distance de manière non proportionnelle. Augmentations qui peuvent aller jusqu’à +20% du prix foncier sur des villes denses.
Valorisation de production végétale : Avant tout expérimental à Lyon pour l’instant, 3 pistes de réflexion : Production de bois (Nécessite une grande surface rapidement, problème de rentabilité, au moins 200ha pour être rentable, mais bois de construction à plus grande plus-value, donc modèle plutôt tourné sur l’entretien des lieux), Valorisation de déchets naturels (Bois réduit fragmenté peut être étalé en pieds d’arbre pour limiter l’arrosage, Fagots de bois peuvent composer des refuges de biodiversité ou faire du mobilier, Déchets de fauche peuvent être envoyées en exploitations agricoles pour faire du foin), Production jardinière de petite taille(valoriser des surfaces délaissées, produits à très forte plus-value comme tomates avec partenariats locaux), il y a aussi projets de mobiliser la végétation pour dépolluer.
Gestion de l’eau et stress des infrastructures réseau : Importantes économies en entretien avec la végétalisation, car désimperméabilise, facilite l’infiltration avec filtration et absorption. Etude canadienne sur Toronto comparable à Lyon post Canopée dit que serait une économie de 25 millions de m^3 d’eau à traiter (environ 46M euros)
Valeur sanitaire : Les EV permettent de réduire la pollution, forment des lieux de repos mental, +10% de végétation donne moins 0.2% d’incidence d’asthme, déjà lancé au Canada. Deux fois moins de risque de mourir de maladie cardio-vasculaire si on se trouve en milieu vert.
Assainissement air : réduit la pollution, la santé et les dégradations d’infrastructures. La plantation de Canopée permettrait le stockage annuel de 33k tonnes de CO2, et 10.7 tonnes de particules fines. Cela représente une économie annuelle d’environ 500k euros pour la métropole Lyonnaise.
Economie d’énergie : Limiter chauffage en hiver, et la climatisation en été. La plantation de 10M d’arbres à Toronto représente des économies de 260k MWh d’énergie par an.
Envisager des modèles économiques avec des bienfaits verts
Bienfaits valorisés, base du business modèle : Démontrer la viabilité du projet. 8 business modèles proposé p37. Modèle global à envisager pour avoir une solution viable.
Importance des stratégies : Impact de la stratégie de plantation, toutes les espèces n’ont pas la même efficacité selon le besoin, mais difficile d’imposer car appartenance de la majorité des territoires arborés au privé.
Valeurs moins tangibles : Richesse en confort (ombrager, limiter ilots de chaleur, rallonge la durée de vie des revetements…), Richesse culturelle (renforce l’affluence touristique, EV aussi attractifs que shopping ou gastronomie), Richesse en biodiversité, Richesse sociale (organisation de dynamiques sociales), Richesse patrimoniale, Richesse pédagogique (sensibilisation, jardins potagers pour l’importance de la nutrition),Richesse en dynamique d’acteurs (démarches interdisciplinaires)
==> La maîtrise de la valeur économique des EV permet de sensibiliser aux retombées économiques et à l’impact réel des différents choix. Il existe des modèles à développer et peu couteux par rapport aux bénéfices mais ils demandent un investissement initial important, trop important pour la métropole seule.
Partie 3
Outils à disposition
Taxation et obligations : Pourcentage d’une taxe courante ou supplémentaire, à appliquer aux industriels et acteurs économiques mais aussi aux particuliers (ex : suppression de végétation d’une propriété, possession d’un véhicule particulièrement polluant…). Taxes environnementales sur l’usage d’un acteur d’un EV public. Un travail supplémentaire est nécessaire pour s’assurer d’une acceptation générale.
Aides et programmes : A l’échelle nationale, subventions de l’Etat et des Régions et modalités de partenariats comme Contrat de Transition Ecologique avec l’Etat (pour les EPCI). A l’échelle européenne : Programme LIFE, EUropean Regional end Development Fund, Natural Capital Financing Facility.
Outils d’urbanisme : Surtout le PLU pour imposer des coefficients de pleine terre élevés pour l’accueil de plus de végétation. Mais aussi BID, Green Barters… Possibilité de partenariat avec prise en charge de la gestion de certaines zones par des entreprises.
Des acteurs Lyonnais à mobiliser
Le plan Canopée est peu connu : les acteurs ont conscience du défi environnemental mais n’ont pas connaissance de ce qui est mis en place actuellement.
Développement des espaces, assurance de bien-être : véritable intérêt des acteurs. Valorisation par assurance de confort (valoriser esthétiquement les projets), valeurs d’usage. Mais beaucoup d’acteurs ne parlent pas d’autres bienfaits des EV.
Pas de pensée économique : Très peu de chiffres donnés par les interviewés, plutôt de l’ordre de l’intuition.
Intérêt renouvelé : inclusion progressive de la compétence paysagisme pour les différents acteurs.
Possibilité de motiver des mécènes extérieurs (acteur privés voulant un peu de visibilité en plus de la création de valeur sur leur territoire d’activité).
Inciter l’implication de ces acteurs
Budgets déjà importants avec des dons d’entreprises (73% des grandes entreprises et 43% des PME environ 0.1% du CA)
Capter l’investissement : Don (Mécénat), Sponsoring (Parrainage, contrepartie au contributeur), Financement participatif, RSE, Partenariat public-privé.
La mise en place de mesures incitatives nécessite d’envisager une contrepartie.
Rôle de la société civile
Impliquer les citoyens, par le don ou l’aide à la plantation par exemple, économies et approbation générale du projet. Cela nécessite d’être réfléchi avec des formations pour citoyens volontaires. Structure d’encadrement à mettre en place. Possibilité aux citoyens de se rendre responsables d’un carré de terre urbaine, responsables d’entretenir et faire vivre l’arbre, les végétaux.
==> Réseau d’acteurs sensibles, et certains en attente de directives de la Métropole. Choix entre moyens incitatif ou coercitif, situation d’urgence ressentie par certains acteurs. Selon eux, rendre obligatoire la plantation autour de toute activité économique serait une bonne chose, mais besoin de partenariat durable si on veut que la plantation soit pérenne.